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                    LES SIRES DE BEAUJEU                    227

d'appel, ils avaient encore beaucoup d'autres officiers judi-
ciaires, qui tous devaient connaître le droit, sans parler des
notaires et autres scribes, dont le nombre était alors consi-
dérable. Or, la plupart de ces hommes de loi apprenaient
le droit et se formaient sur place. Il semble même, d'après
quelques textes, qu'il y avait au Chapitre de Beaujeu, situé,
comme on sait, dans l'enceinte du château'de nos barons,
une sorte d'école de droit, ou pour mieux dire, que certains
chanoines tenaient école de cette science. Quelques-uns des
juges de la Cour du seigneur de Beaujeu prennent même le
titre de professeur de droit, tels que Conrad de Concor-
rezo, dans diverses chartes de 1265 à 1296, et Pierre des
Montceaulx, dans des chartes de 1326 à 1354.
   Les sires eux-mêmes, pour la plupart au moins, étaient
obligés de posséder une certaine teinture du droit écrit et du
droit féodal; cela leur était nécessaire pour défendre leurs
intérêts, dans un temps où les droits particuliers étaient si
compliqués et si emmêlés les uns dans les autres. Quelques-
uns d'entre eux devaient même en avoir une connaissance
plus approfondie, ainsi qu'on peut le conclure des nom-
breux procès entre seigneurs qu'ils furent appelés à régler
en qualité d'arbitres. Ces arbitrages en effet, où il fallait
quelquefois discuter sur des questions de droit très
embrouillées, et accorder des prétentions les plus opposées,
demandaient, en ceux qui les exerçaient, non seulement
un grand esprit de droiture et d'équité, mais encore une
connaissance fort étendue des droits, usages et coutumes des
baronnies. Guichard VI, le Grand, paraît s'être particulière-
ment distingué dans cette science, car le roi Philippe V le
choisit pour trancher le différend qu'il avait avec les seigneurs
de Champagne, touchant la présentation des hommages que
ceux-ci lui devaient. Ce choix lui fut sans doute inspiré