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LE CHRIST D'iVOIRE 195 plus; par lui plusieurs religieux et plusieurs frères delà maison avaient été initiés à la pratique de cet art, dont il possédait si bien tous les secrets. La vie du chartreux n'est point, en effet, seulement une vie de contemplation et de prière. En toute chose, il faut une détente à l'esprit humain et le saint fondateur de l'ordre l'avait bien compris, quand il prescrivit, dans sa règle, que de sexte à vêpres, c'est-à -dire de dix heures à deux heures et demie, le temps serait consacré à des travaux, appropriés aux goûts et aux aptitudes de chaque religieux. * ** Depuis l'année qui avait suivi l'entrée de Paul Salviati à Bonpas, Dom Polycarpe, qui l'avait accueilli, avait cessé d'être prieur. Mais son successeur, Dom de Sally, avait continué l'œuvre de restauration de la chartreuse, dévastée pendant les guerres de religion, en faisant rétablir les quatre magnifiques mausolées, élevés dans cette église, en l'hon- neur de quatre cardinaux, qui avaient pris autrefois ce mo- nastère sous leur protection et l'avaient comblé de faveurs. Et cette oeuvre fut confiée naturellement à Dom Palémon et aux religieux, dont il s'était assuré le concours, en leur enseignant l'art de la sculpture. Le premier de ces monuments était consacré à la mémoire du cardinal Simon Langham, archevêque de Cantorbéry, mort en 1372, après avoir fait construire, à ses frais, l'église de cette chartreuse. Son tombeau, placé au milieu de la nef, près du chœur, se faisait remarquer non seulement par la statue du cardinal, qui était représenté, suivant l'usage du temps, couché sur un sarcophage rectan-