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l6l                IMPRESSIONS DE VOYAGE

    Nos réflexions étaient de la couleur du temps.
    Quelle arrivée à Venise?
   Nous cherchions cependant à l'apercevoir, à la distinguer
à travers ces épaisses et menaçantes nuées. C'était impos-
sible.
   Il nous revenait alors à l'esprit cet épisode du voyage à
Venise de Topffer, si spirituellement raconté par lui dans ses
Voyages en zigzags.
    Il avait traversé les Alpes avec ses élèves pour arriver à
Venise, par le passage du Stelvio, et bien souvent en touris-
ticules (comme il les appelait), lorsqu'ils erraient au milieu
des chalets de la Handeck ou dans les vallées de l'Engadine,
ils s'adressaient cette question ironique, devenue proverbiale
parmi eux : Voit-on Venise?
    Voit-on Venise? Voilà ce que nous nous demandions mon
ami et moi.
    Le grondement du tonnerre seul nous répondait, et la
nuit se faisait de plus en plus sombre autour de nous.
    Enfin, un violent coup de sifflet nous avertit que nous
arrivons au débarcadère, d'où nous sortons transis et
mouillés, pour nous calfeutrer dans une gondole, et nous
voilà lancés sur le grand canal.
    Des ombres de gondoles glissent silencieusement autour
delà nôtre et après une assez longue et lugubre navigation,
 nous abordons aux degrés de marbre du palais Guistiniani,
 le fameux hôtel de l'Europe de Venise, heureux de trouver
 enfin un asile.
     Cette triste mésaventure était identiquement la même
 (je me le suis dit bien souvent depuis) que celle arrivée à
 Théophile Gautier, lors de son voyage à Venise et qu'avec
 son style magique il décrit si bien dans son livre Italia.
     « Arriver de nuit, dit-il, dans la ville que l'on rêve depuis