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124                LES SIRES DE BEAUJEU

    Bien que les derniers membres de la maison de Beaujeu
aient acquis des terres ou des fiefs, cependant l'apogée de la
grandeur et de la puissance de cette maison fut réellement,
comme je l'ai dit ci-dessus, à la fin de la première race et
au commencement de la seconde. Dès après le seigneuriat
de Louis, la décadence commença, parce que les gains que
firent ses successeurs ne compensèrent pas les pertes qu'ils
éprouvèrent pour les causes que j'ai déjà signalées plus
haut.
    Ils perdirent, par prescription, un droit de fief sur plu-
sieurs terres que Sibille de Baugé porta en dot à Amédée
de Savoie; un autre droit de fief sur la seigneurie de Sainte-
Croix;- un autre encore, acquis en 1329, sur une maison et
une terre de la paroisse de Bény. Toutes ces pertes, pour
n'en citer que quelques-unes, arrivèrent par la négligence
de leurs officiers à faire renouveler la reconnaissance de
leurs droits. Parla même cause ils perdirent encore le droit
de garde du prieuré de la Bruyère, faute d'en exiger l'hom-
mage, et celui de Vimy, ou Neuville-sur-Saône. Or ces
droits de garde avaient une grande importance pour les
seigneurs qui en jouissaient, car ils leur valaient de nom-
breux avantages et emportaient souvent avec eux la souve-
raineté.
    Toutes ces pertes locales n'étaient rien à côté de celles
 qui furent la suite de guerres ou de circonstances malheu-
 reuses. Déjà Louis de Forez, pour éviter des difficultés avec
 Humbert, seigneur de la Tour et de Coligny, et le faire
 renoncer à des droits de fief qu'il prétendait sur Lent et
 Chalamonr, lui avait cédé tous les droits qu'il possédait à
 Vaux, à Villeurbanne et dans plusieurs terres du Viennois.
 Il perdit ainsi par cet échange inconsidéré la souveraineté de
 tous ces endroits, pour laquelle Humbert lui donna 1,000