Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
100                   LES SIRES DE BEAUJEU

aux ducs d'Orléans, successeurs des Montpensier en Beau-
jolais; et vinrent ensuite aux Archives nationales, selon
M. Huillard-Bréholles; c'est là qu'ils se trouvent mainte-
nant, à l'exception d'une assez grande partie qui fut rendue,
lors de la Restauration, à la famille d'Orléans. Il paraît
cependant qu'une certaine quantité de ces papiers était
restée à Villefranche, et sur ceux-là la Révolution fit main
basse, et les détruisit tous sans pitié, anéantissant ainsi
en un moment ces sources précieuses de notre histoire
locale. Ce qui le prouve, c'est l'anecdote suivante. Le
vieil archiviste qui avait la garde de ces titres, ayant
reçu l'ordre de les brûler, essaya de sauver les parche-
mins les plus anciens et les plus précieux, en les enfer-
mant dans une malle qu'il cacha dans le grenier de l'Hôtel
de Ville. Mais bientôt, effrayé à l'idée qu'on pouvait faire
des perquisitions et qu'il y allait de sa tête, si on trouvait
ces vieux titres proscrits, le pauvre homme perdit tout
repos et tout sommeil. A la fin n'y tenant plus, il se
décida, la mort dans l'âme, à brûler lui-même ces titres
dont il connaissait cependant si bien la valeur ; heureux
encore s'il avait eu l'inspiration de les copier avant d'en
faire le sacrifice. Jusqu'à la fin de sa vie ce souvenir pesa
sur lui comme un remords. Je tiens ce fait d'un de mes
amis qui l'a entendu raconter en 1862, au fils même du
malheureux archiviste.
  Il semble du reste qu'un sort fatal a toujours poursuivi
nos vieux documents. Toutes les abbayes, tous les prieurés
fondés ou enrichis par les sires de Beaujeu ont eu leurs


celles de M. de la Coste l'aîné, secrétaire de la Chambre du Trésor et
des rétroactes, laquelle Chambre ne doit être ouverte qu'en présence de
ces trois messieurs. »