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LES SIRES DE BEAUJEU 101 archives détruites ou perdues soit par les guerres, soit par suite de la négligence de leurs possesseurs. Ainsi l'abbaye de Belleville vit les siennes brûlées, sauf deux chartes, par les protestants ; celle de Joug-Dieu eut à regretter proba- blement le même sort pour la plus grande partie de ses titres, dont le reste fut perdu à la suite de la réunion de cette abbaye au chapitre de Villefranche. Les archives de cette ville, ainsi que celles du couvent des Cordeliers, furent sans doute aussi détruites par ces vandales, lorsqu'ils forcèrent leurs murailles en 1562. Bref, la plus précieuse partie de nos titres a disparu. Une autre cause qui nous a privés de la connaissance des faits et gestes des sires de Beaujeu, cause toute morale et intellectuelle, c'est la stérilité de leur terre en écrivains ou en chroniqueurs. Leurs sujets savaient mieux tenir l'épée et la charrue ou la pioche que la plume. Plus hommes d'affaires que d'imagination, on rencontre parmi eux des légistes remarquables, mais point d'historiens, d'orateurs ni de poètes. Si encore leur baronnie avait renfermé une de ces grandes villes, où l'on s'adonne plus spécialement aux travaux de l'intelligence, il aurait pu s'y trouver des lettrés ou des trouvères qui auraient raconté l'histoire de leur pays ou chanté les exploits de leurs seigneurs. Mais la petite capitale, Villefranche, n'était guère composée, en dehors des hommes de justice et des officiers de la seigneu- rie, que d'artisans et de marchands, et aucune grande école ne pouvait y fleurir. C'est à cette disette d'hommes d'étude qu'il faut attribuer ce manque de détails sur nos barons, dé- tails qui abondent, pour certaines grandes familles féodales, qui ont eu la chance d'avoir sur leurs terres ou dans leurs villes des narrateurs ou chroniqueurs. La seule histoire ancienne des sires de Beaujeu est la courte chronique de