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ET LA RUSSIE 9 En effet, aucune fabrique de leur industrie n'ayant été organisée par Pierre I er , il fut impossible d'utiliser le con- cours de ces Lyonnais, et il est présumable qu'ils se hâtèrent de revenir en France à la première occasion. L'année suivante, en février 1765, il est de nouveau question de débaucher des Lyonnais, mais ce n'était plus pour la fabrication des étoffes riches. Voici dans quelles circonstances : En 1765, vivait à Lyon, une veuve Barrai, marchande de toilette, dans la rue Longue ; cette dame avait plusieurs enfants, l'un nommé David, âgé de 29 ans, était marchand de toiles, qu'il tirait de la Russie où il allait les y chercher en portant des soieries de France qu'il vendait avantageuse- ment ; un autre fils, associé à un sieur Chanony (ou Cha- lonis) avait établi à Neuville, près Lyon, une fabrique de fer-blanc qu'il dut abandonner après faillite. Or, probable- ment engagé par les connaissances que son frère avait faites en Russie, ce second fils Barrai et son associé allèrent offrir leurs services à la Czarine qui les agréa. A la date du 22 février 1715^ le consul français rapporte, en effet, que la Czarine promet aux deux industriels lyonnais de leur prêter 145,000 roubles, sans intérêts, pendant dix ans; elle leur assigne en outre des bois et des esclaves presque pour rien. Avec ces secours, ajoute le consul, Barrai et Chanony vont établir une fabrique de fer-blanc sur le lac Onega, et ils assurent que celles de Suède et des autres pays ne pourront pas soutenir la concurrence. L'affaire fut promptement conclue, car le 9 avril suivant, le consul écrit que Barrai est parti pour la France afin d'y débaucher des ouvriers pour la fabrique de fer-blanc pour laquelle il a contracté avec la Russie.