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446                    LA PIERRE A ÉCUELLE
entrait dans la constitution des sociétés encore dans l'en-
fantement de leur civilisation » ; c'est en Gaule qu'elle a
commencé le plus tard et fini le plus tôt. Néanmoins, elle
a persévéré bien longtemps, puisqu'au temps de la con-
quête romaine, alors que la nation gauloise était vieille d'au
moins soixante à quatre-vingts siècles, César constata (1)
que ces sacrifices existaient et avaient même un caractère
public : « Ils croient, écrivait-il, que les dieux immortels
ne peuvent être apaisés autrement que par la vie d'un autre
homme. Les cités mêmes ont établi des sacrifices de cette
espèce. Quelquefois, on fait des simulacres d'une grandeur
démesurée, dont les membres tressés d'osier sont remplis
d'hommes vivants ; on y met le feu, et les hommes péris-
sent enveloppés par la flamme : ils croient que le sacrifice
des voleurs, des brigands et d'autres criminels est des plus
agréables aux Dieux Immortels ; mais, à défaut de gens de
cette sorte, ils viennent à immoler des innocents. »
     Et dans son plaidoyer pour Fontéius (2), accusé de con-
cussion par les Gaulois, Cicéron, au dernier siècle avant
J . - C , apostrophe ainsi les dénonciateurs de son client:
« d u e peut-il y avoir de saint et de sacré pour des hom-
« mes qui, même jusqu'au pied des dieux, quand la frayeur
« les y précipite pour les apaiser, souillent de victimes hu-
« maines leurs temples et leurs autels, et ne peuvent ren-
é dre hommage à la religion qu'en la profanant par un
 e
« crime? Qui de nous ignore qu'ils ont conservé jusqu'à ce
« jour l'usage atroce et barbare des sacrifices humains ? Quelle
« est donc, selon vous, la bonne foi, quelle est la piété de ces


   (1) Histoire de Jules César, liv. ru, ch. 2, p. 36.
   (2) Trad. de Le Clerc, 1X-38K — Ce fut vers 684 (68 av. J.-C )
que Cicéron défendit Pontéius : les députés gaulois, luduciomarc à leur
tête, assistaient aux débats du procès.