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420                   LES MONUMENTS D ' A R T

 « aulcuns d'eulx délaissèrent leurs reliquaires et ornements
 « au sieur de Sault et supplièrent le roi qu'il les fasse
 « rendre à ceulx à qui il dit les avoir baillées et à ces fins
 « qu'il communique Y inventaire. » Il est donc certain par
 ces deux documents que les chanoines, voyant toute résis-
 tance impossible dans leur cloître battu en brèche par le
 canon des protestants, dans la matinée du I er mai 1562,
 ont, avant de fuir, confié leur Trésor au comte de Sault,
 réfugié au milieu d'eux dès les premiers bruits de l'inva-
 sion de la ville. Il est non moins indubitable que ce dernier,
 en abandonnant le cloître qu'il ne pouvait pas défendre et
 en se présentant à l'hôtel de ville (1) où il avait été appelé
 pour conserver le gouvernement de la ville, a remis aux
 nouveaux Echevins, protestants, le Trésor que les chanoi-
 nes avaient confié à sa garde et à sa probité, et qu'il en
avait fait dresser un état ou inventaire régulier. Mais rien ne
 nous indique quelle suite le roi donna à la requête des cha-
noines demandant la restitution de leur Trésor, ni l'époque
 à laquelle cette restitution s'est faite. —• Mais cette restitu-
tion, au moins partielle, a eu lieu, puisque, comme je l'ai
déjà dit plus haut, les principales reliques et les objets
d'art les plus importants figurent sur les inventaires posté-
rieurs à l'occupation de Lyon, en 1562. Toutefois, la ma-
jeure partie des vêtements sacerdotaux, des ornements de
prix et des tapisseries tomba au pouvoir des protestants et
fut anéantie. On verra, en effet, plus loin par la comptabi-
lité tenue par les protestants eux-mêmes, que ces objets, en


   (1) D'après le mémoire publié par le chanoine Gabriel de Saconay,
les calvinistes ne purent pas s'emparer non plus du Trésor des Corde-
liers, lequel contenait le reliquaire renfermant le chef de saint Bona-
venture. Ce Trésor fut caché par le frère Jacques Gayette, gardien de
la maison. — Ce religieux fut arrêté pour n'avoir pas voulu livrer ce
Trésor, et massacré la nuit suivante sur le pont de la Saône.