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UN VOYAGEUR ANGLAIS A LYON 335 l'honneur d'un quadruple triomphe, fit curieusement faire en or une statue de ce fleuve Rhodanus et la fit porter en public dans son premier triomphe qui se rapportait à la France, parce que c'était le principal fleuve de ce pays, dont la conquête lui avait coûté presque dix années. « Il y a aussi sur ce fleuve un très beau pont et, à côté de ce pont, dix beaux moulins, sept d'un côté et trois de l'autre. Un peu plus loin que la fin de la ville, se trouve le confluent de l'Arar et du Rhodanus, et, quand l'Arar s'est mêlé avec le Rhône, il perd son nom. Sur l'Arar, il y a une rangée de bateaux enchaînés ensemble, qui font que les bateaux qni sont dans la ville n'en peuvent sortir et qu'au- cun n'y peut entrer sans la permission des magistrats. « Du côté méridional et montagneux de la ville, il y a un escalier très long et élevé composé de cent quatorze marches de pierre, et, à la suite de ces degrés, un long chemin empierré, très raide, au moins de la longueur d'un demi-mille. Il conduit au sommet de la colline, où se trouve un grand nombre de monuments antiques. L'un, qui est construit sur le point le plus élevé, est le temple de Vénus, qui est aujourd'hui devenu un collège de chanoi- nes. C'est aussi là qu'on voit les ruines du grand amphi- théâtre où la constance des serviteurs de Jésus-Christ con- sentit a souffrir d'intolérables tortures en son honneur, et je l'appelle un grand amphithéâtre parce qu'on dit qu'il pouvait contenir au moins cinquante mille personnes. « Quant aux martys qui y ont souffert, il en est fréquem- ment question dans la plupart des vieux historiens ecclé- siastiques, notamment dans Eusèbe, évêque de Césarée. Il a écrit un récit, non moins tragique qu'étendu, des cruelles souffrances d'Attalus, de Sanctus, de Maturus et de l'hé- roïque Blandine, qui, pour confesser leur foi en. leur Ré- dempteur, furent à cette place barbarement brûlés dans des