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      LE DERNIER BONHEUR


   Eperdu de chagrin, j'errais, à l'aventure,
   Sous de sombres taillis, constamment isolés ;
   La splendeur du soleil, l'éclat de la nature
   Fatiguent les regards des êtres désolés.
   J'errais, inconscient, affaibli, sans courage,
   Désireux de mourir, ce suprême recours !
   La mort n est-elle pas un bienfait, à mon âge !
   Mais un souffle de Dieu murmura : « Va toujours ! »

    Je sentis, en mon âme, une douce espérance,
    Aux sons harmonieux de ces deux mots divins.
    Cet ordre prescrivait : espoir, persévérance ;
    Et les ordres du Ciel ne peuvent être vains.
    Je sortis, tout pensif, de ce lieu solitaire ;
    Le doute et la douleur avaient repris leur cours.
    Ma raison ne put croire au bonheur, sur la terre !...
    Mais un souffle de Dieu murmura : « Va toujours ! »

    Puis, je me rappelai les phases de ma vie,
    Mes succès, mes revers, tous ceux que f ai perdus !
    Je m'arrête, soudain, j'écoute... un enfant crie !
    Je vois, sur le gazon, deux petits bras tendus,
(Mai 80)                                            21 -