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 306                    UNE LETTRE INEDITE
vous avez de voir un essai de ma correction de Plutarque (i)
car j'y travailleray avec tant d'assiduité, que si j'estois as-
suré d'un imprimeur, je vous engagerais ma parole de ren-
dre ce livre achevé d'imprimer dans trois mois pour leplus
tard, parce que je retrancherais plustostune couple de vies,
considérant que quatre vies et six traitez moraux, avec mes
notes, suffisent pour un échantillon, et feront un assez juste
volume, qui tirera près de trente feuilles ; et de tout cela il
ne me reste plus qu'à mettre au net la moitié d'une vie
avec mes notes sur la mesme vie, car tout le reste est achevé
et prest à mettre sur la presse (2). Cependant je vous sup-
plie de croire que je n'abuseray point de vos faveurs, et que
je ne garderay vostre livre que fort peu de temps, parce que
j'estime que dans moins de quinze jours j'en pourray tirer
tout ce que je désire, et quand je vous l'auray renvoyé,
j'accepteray l'offre que vous m'avez faite de me communi-
quer vostre Homère, où il y a une glose interlinéaire, à
condition que vous userez aussi librement du pouvoir que
vous avez sur moy, m'honorant de vos commandemens,


   (1) De tous les nombreux travaux de Bachet, son travail le plus im-
portant fut la révision de la traduction du texte des œuvres de Plu-
tarque. « Son grand ouvrage, » dit Pellisson (p. 180), « était la traduc-
tion de Plutarque, qu'il avait entreprise à l'envi de celle d'Amyot, où il
prétendait avoir trouvé une infinité de fautes. » Voir encore l'analyse
que fait Pellisson (p. 77) du discours intitulé De la traduction envoyé
par Bachet à l'Académie française et lu dans l'assemblée par Vaugelas,
le 10 novembre 1635. On trouvera le texte complet de ce remarquable
discours dans le Menagiana (édition de 1715, t. 42, p. 411-460). Bachet
prétend (p, 416) qu'il a relevé plus de deux mille contresens dans la
version d'Amyot. Ce chiffre de 2,000, qui était déjà bien honnête, a été
changé dans le Patiniana (p. 1701, p. 14), en chiffres trois fois plus
gros.
   (2) L'ouvrage annoncé ne vit jamais le jour. Il n'a paru de ce travail
que le peu qui s'en trouve dans le Plutarque de Dacier. Le manuscrit de
Bachet a été conservé dans la Bibliothèque nationale.