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LA MER SAHARIENNE 287 tinentale avec des coquilles terrestres. A sa surface, on trouve des silex taillés indiquant des stations préhistoriques. Des alluvions plus récentes, puisqu'elles reposent dessus, renferment encore des outils en silex d'un très beau type et ces alluvions sont bien antérieures à la fondation de l'em- porium carthaginois ou romain (Tacape-Gabès) qui a été édifié sur ces dépôts. » ( i ) Que M. Pomel n'ait trouvé aucune trace de la présence de la mer sur les versants du seuil de Gabès, ce n'est là qu'une preuve négative à laquelle il n'y a pas lieu de s'arrêter. Mais il serait intéressant de savoir ce que peuvent bien être « des dépôts limoneux d'origine continentale avec des coquilles terrestres. » S'agit-il de boue glaciaire, de lehm et veut-on expliquer le barrage de l'isthme de Gabès par la forme allongée et en dos d'âne d'une ancienne moraine ? Evidemment non. Il ne peut pas être question non plus d'alluvions fluviatiles, puisque M. Pomel ne croit pas au fleuve Triton des géographes classiques. D'ailleurs, ces alluvions n'affecteraient pas la forme d'une dorsale, quelque disposition orographique de la contrée qu'on suppose. Elles ne contiennent que des coquilles terrestres. Veut-on dire que l'eau ne doit pas entrer en ligne décompte pour expliquer leur formation ? Ce ne sont pourtant pas des éboulis, puisqu'il n'y a aucune hauteur dominante sur ces rivages. Des sources de boues, des espèces de geysers jaillissant de l'intérieur du globe? Rien ne l'indique. Des terrains de transport amoncelés par voie aérienne ? Mais on ne veut pas entendre parler de dunes dans ces parages ! C'est du limon avec du gypse et des infiltrations calcaires. Non; en vérité, si ce n'est pas la mer qui a déposé tout (1) Pomel, la Mer Saharienne, etc. Revue scient., 10 nov. 1877, p. 439.