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254                   LES MONUMENTS D'ARTS

 choses sacrées sont vendues ; les saintes reliques sont jetées
 en proie aux dévorantes flammes. La Croix du Christ est
 par eux foulée aux pieds ; beaucoup de maisons abattues,
 beaucoup d'autres laissées vides, après que les mains se
 sont chargées de rapines. Tout ce qu'il y a de beau dans
l'église de Saint-Jean est détruit ; rien ne reste dans les tem-
ples, l'impie enlève tout, il détruit, il renverse, il pollue
tous les lieux saints. L'un arrache le plomb, l'autre le fer
fixé au marbre; celui-ci emporte avec lui des ornements
 chargés de riches dorures et les convertit à son usage privé;
celui-ci soulève les tombeaux de plusieurs morts et les
fouille pour y chercher des trésors cachés. Cet autre enlève
un crucifix d'argent ( i ) , recourt à de honteuses paroles et
crie, en riant ? « Dis-moi pourquoi, rester aussi longtemps
ici ? Tu as froid, pendant ce temps-là, et l'homme ne sait
pas te secourir. Viens donc avec nous, et tu auras chaud
tout aussitôt. Voilà un vêtement; l'orfèvre tantôt guérira
tes blessures ; tu es tout gelé, mais tu donneras une sueur
brûlante      »
   En 1673, un autre écrivain lyonnais, Quincarnon, en
publiant ses Antiquitez et la fondation de la Métropole des
Gaules ou de l'Eglise de Lyon, a parlé aussi des dévastations
commises, entre autres, à Saint-Jean, par les réformés; je
cite ici tout le passage qu'il leur a consacré :
   « Les égarés et faux interprètes de l'Evangile, dit-il, dé-
molirent alors le cloître de Saint-Jean, les quatre grands
portaux avec le tour des murailles; poussés d'une démesu-

   (1) Le comte de Sault, qui a été témoin oculaire du sac de l'église
Saint-Jean, où il avait cherché un refuge, parle aussi de ce crucifix en
argent, dans l'un de ses rapports au roi. « Tous les autels, ymages et
figueures, dit-il, ont été mis à terre; on a enlevé toutes les statues de la
chapelle des Bourbons ; le chœur a été privé de ses marbres et même
du cuivre qui les lioit; on démolit le Jubé et on a enlevé le beau crucifix
d'argent qui le surmontoit. »