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23O VIE DE JEAN DE PARTHENAY-L ARCHEVÊQUE nous pas tout lieu de penser que cet aveu a été arraché dans un de ces moments d'irrésistible franchise, comme en ont parfois entre eux les acteurs d'un drame important, qui se sentent trop connus les uns des autres pour oser en imposer sur leur véritable pensée ? Du reste, nous pourrions, à l'appui du jugement du connétable porté sur les sentiments politiques des chefs et du peuple protestant, ajouter, en ce qui concerne leur conduite dans Lyon en particulier, plus d'un fait significatif et peu connu, comme, par exemple, le titre que Soubise prenait au temps de son administration. (Il s'intitulait dans ses ordonnances : Commandant pour le service de Dieu et du Roy à Lyon et gouvernement du Lyonnais). Ou bien, ces verrières mises par les protestants aux églises de Ste-Croix et de St-Jean, sur lesquelles étaient peintes les armoiries royales ; ou encore, le soin qu'ils prennent dans leur correspondance avec leurs alliés étrangers, les Cantons suisses et les princes d'Allemagne, de témoigner de « leur fidélité à leur Roy légitime. » Certes, les protestants ont pu se méprendre sur leurs vé- ritables devoirs comme sujets, en ces temps troublés, en ces jours difficiles où leurs adversaires politiques et religieux cherchaient à les écraser, en s'appuyant, de leur côté, sur Philippe II, où les Guises faisaient porter au jeune roi l'é- charpe rouge d'Espagne « la livrée de l'étranger, » comme dit H. Martin. Mais on commettrait une injustice envers eux et une erreur historique si, en face de ces témoignages péremptoires, on voulait encore contester leur fidélité mo- narchique. Je pourrais relever ainsi dans les entretiens fréquents de la reine-mère avec Soubise, conservés dans ces Mémoires, plus d'un autre trait instructif ou piquant. Catherine de Médicis, en politique consommée, y dissimule parfois ses