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CHRONIQUE LOCALE — Fraternité, tu n'es pas un vain mot ! Voyez cette union sympathique, active et désintéressée, qui, depuis deux mois, a produit de si étonnants résultats. D'abord une troupe de journalistes, venus de camps opposés, se réunissant tous les soirs, au lieu de prendre du plaisir ou du repos ; discutant sur les meilleurs moyens de mener à bien la grande entreprise et se donnant, entre eux, sans arrière-pensée, des marques d'estime et de bonne confraternité. Puis les sous- commissions désignées, allant de magasins en magasins réveiller la générosité publique et obtenant des lots précieux pour la tombola. Soixante et quinze mille billets placés produiront un bénéfice au-delà de toute espérance. Avec le produit des fêtes du Grand-Théâtre et du Théâtre deBellecour, on dépasse cent mille francs. Que seront les frais ? peu de chose, comparativement ; chacun ayant payé généreusement de sa personne. La somme versée entre les mains des pauvres aura, dit-on, bien peu d'influence sur la misère générale. Nous répondrons: Elle séchera bien toujours quelques larmes ; Elle donnera bien quelques espérances ; Elle aura fait voir quelle solidarité existe entre toutes les classes de la société ; Elle aura, pendant deux mois, rapproché des hommes, qui, sans penser de même, ont désarmé un instant, se sont vus de près et se sont mutuellement jugés meilleurs qu'ils ne pensaient. N'est-ce rien?