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128 LA MER SAHARIENNE forants modernes et les cavernosités naturelles d'une roche avec des trous creusés par des coquilles lithophages ; dans tous les cas, on ne conçoit pas pourquoi ces traces, si elles n'étaient pas le produit des eaux marines, s'arrêteraient au niveau inférieur des ruines au lieu de se poursuivre sur toute la surface des assises. Or, c'est ainsi que les a vues M. Roudaire, et si les constatations de M. Pomel ne con- cordent pas avec les siennes, il est permis de croire que c'est parce qu'elles ont porté sur des objets différents, plutôt que d'accuser gratuitement des observateurs instruits et sé- rieux d'une si grossière erreur. Mais ce que M. Pomel n'a pas pu contester et qui confirme davantage encore un sou- lèvement très récent de la côte, c'est la situation des ruines de l'ancien port de Tacape (Gabès), actuellement enfoncé d'un kilomètre dans l'intérieur des terres. Il ne saurait être question ici d'ensablement comme pour Ostie, Aygues- Mortes ou Ravenne, puisque nul grand fleuve n'apporte d'alluvions sur cette partie du littoral. Les courants marins eux-mêmes semblent plutôt, si tant est que leur action puisse être sensible, affouiller la côte au lieu de l'ensabler, car les anciens périples grecs ( i ) représentent comme d'une navigation très dangereuse ces parages où l'on trouve par- tout, au contraire, aujourd'hui un fond de bonne tenue et des profondeurs suffisantes même pour nos grands vais- seaux (2). La seule explication possible du recul considé- rable de la mer depuis la période romaine est donc un sou- (1) Scylax.—Périple, IIO :—J,âfrt; y tctxpu T O Ù TÎÎ «Mijf SiiprxSV TA x.tt>.iK&)Atœ nu) S'otncXiartfa— — Dyonys, Perieg., v. 200. — Avie- nus, Descript. orb. terra.—Eustath., Comm. in Perieg., parle d'un golfe marécageux et semble indiquer que les lieux s'étaient déjà modifiés de son temps. — Strab., XVII, 3, 20. (2) Voir la carte de l'amirauté anglaise, dont les sondages ont été récemment vérifiés par M. Mouchez.