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90           EXPLOSION D'UN BATEAU A VAPEUR
 curieux rassemblés là pour assister à la marche du bateau,
 spectacle alors nouveau pour la majeure partie de la popu-
lation lyonnaise.
   Les débris allèrent atteindre, tuer ou blesser des gens
qui stationnaient au coin de la rue de la Barre, du quai
Monsieur et du quai de l'Hôpital, d'autres au débouché de
la place de la Charité, d'autres encore hissés sur les arbres
de la promenade ou placés aux fenêtres et sur les
balcons du quai. Quant aux hommes de l'équipage, tous
ceux qui se trouvaient autour de la chaudière et sur le pont
du bateau, immédiatement au-dessus de la machine, fu-
rent lancés en l'air pour aller retomber dans le fleuve ; ceux
que leurs occupations ou leur service retenaient, soit à l'a-
vant soit à l'arrière, échappèrent au désastre ; le bateau avait
éclaté dans sa partie médiane.
   La commotion avait été si terrible et les débris lancés
avec tant de force que toutes les vitres des maisons qui bor-
dent le quai volèrent en éclats, que des croisées, des per-
siennes, des portes furent déplacées ou arrachées et des
balcons de fer tordus.
   On signala même ce fait curieux, qui peut faire juger de
la puissance de l'explosion : les parapets du quai virent
leurs grosses pierres de taille ébranlées et disjointes, et les
nombreuses petites voitures, stationnées sur la chaussée
pour le service de la Mulatière, furent renversées avec leurs
conducteurs et leurs chevaux.
   On retrouva sur le sol des tuyaux de fonte du poids de
trois milliers et d'énormes fragments de la chaudière, de la
machine et du bateau.