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A NOTRE ÉPOQUE 57 que plus d'une découverte s'offrira aux regards pour le plus grand profit de l'intelligence et le plus grand avantage de l'art. Je crois donc que le goût de la gravure se relèvera bien- tôt, et que les artistes forts et courageux qui sont restés sur la brèche seront, avant peu, rejoints par des compagnons vaillants comme eux. L'eau-forte. — Si j'avais tout le cuivre qu'on a gâté pour apprendre à graver à l'eau-forte, j'en ferais un gigantesque canon. Mais, non, ne fondons pas de canons. J'en ferais une cloche immense. Eh bien! pas de cloche non plus; je ne les aime qu'au village, où leur tintement léger est empreint d'une si douce poésie J'en ferais une statue équestre et on pourrait lui donner de remarquables dimensions. Il paraît donc qu'il n'est pas facile de faire de l'eau-forte, avoir ceux qui s'y essayent. Les trois quarts au moins pa- taugent à qui mieux mieux, et un bon conseil à leur don- ner, serait d'aller à la salle d'armes, tirer au mur avec leur instrument. Ne sachant ni modeler ni dessiner, ils nous éviteraient la vue de leurs dévergondages. Par contre, rendons pleine justice à ceux qui, par ex- ception, se rendent compte du clair obscur si difficile à obtenir, ont l'adresse de la main et ont appris à dessiner. Ceux-là sont dignes de toutes louanges, et rien n'est inté- ressant comme de voir et d'étudier une collection d'eaux- fortes faite avec goût et intelligence : c'est l'esprit pris sur le vif. L'Ecole lyonnaise se distingue de ce côté, et on pourrait faire un album respectable des quatre ou cinq cents pièces dont les auteurs auraient signé : de Boissieu, Bidault, Belay, Charmier, Baron, Leymarie, Duclaux, Allemand, Guy, Cinier, Appian, Beauverie et d'autres dont la pointe ne s'émoussera jamais.