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                      A NOTRE iiPOQUli                      53

le pistil ; comme la tige est svelte, comme tout cet ensem-
ble est séduisant et divin ! Vous voulez la dessiner ? Prenez
garde. En connaissez-vous les habitudes? les coutumes et
les mœurs ? Elle vit, elle respire, mais pour un jour seule-
ment. Elle demande à être vue de près, car elle possède un
tissu aussi riche que varié. Les feuilles de sa tige se grou-
pent et s'arrangent d'elles-mêmes. Saurez-vous rendre ces
mystères, ces merveilles, ces satins et ces velours tout enri-
chis de diamants? Connaissez-vous l'anatorme de cet être
si fragile ? ferez-vous comprendre la sève circulant sous les
tissus et deviner jusqu'à l'odeur qui devrait s'exhaler de
vos bouquets ?
   La fleur, dans sa grâce et sa beauté, est essentiellement
décorative. La simple fleur des champs elle-même a sa
poésie que vous devez comprendre et rappeler aux yeux.
   Et c'est elle que des barbouillons osent profaner! mais,
les malheureux ! ils n'ont donc jamais étudié les écoles
hollandaise, flamande, espagnole, française pour interpré-
ter si misérablement ce que la nature a produit de plus
magnifique et de plus beau !
   Cependant la sève n'est pas morte et il y a encore des
interprètes sincères et consciencieux de nos pauvres fleurs,
à Paris comme ailleurs.
   À Lyon, particulièrement, toute l'école est sur la brèche
pour défendre les bons principes et les saines traditions.
Hélas! plus d'un est mort en combattant, avant d'avoir dit
son dernier mot et d'avoir gagné sa dernière bataille,
nommons seulementRemillieux, Gallay, Bayle, Saint-Jean;
mais il en est venu d'autres après eux qui porteront haut et
ferme le drapeau de la fleur.
   La nature morte. — Si cette branche de l'art est la moins
difficile à cultiver et si elle ne demande ni de grands efforts
d'imagination, pour la conception du sujet, l'ordre et l'ar-