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50                     DU LA PEINTURil

ter des influences, et des accidents qui pouvaient en résul-
ter. Aussi regardez comme les œuvres de cette époque ont
conservé la fraîcheur primitive! rien n'est encore délicat
et fin comme le liage des cheveux aux chairs. Le sang est
sous la peau, il circule; jusqu'à la morbidesse des chairs,
tout a été savamment étudié et rendu. Aussi, à part quel-
ques rares exceptions, les artistes de cette époque resteront-
ils debout, quand notre Ecole moderne, je le crains bien,
aura été reléguée dans l'antichambre, pour tomber de là
dans l'oubli.
    Ix paysage.. — Je ne connais pas d'homme plus heureux
 que le peintre paysagiste. C'est l'enfant gâté de l'art; je
 vais plus loin, de la création. Libre comme l'hirondelle,
 dès les beaux jours venus, il prend son vol vers le nord ou
 le midi. Son pinceau et son imagination se ressentent de
 cette liberté dont il use si largement. Chez lui, tout est ca-
 price et imprévu : projets comme espérance, tout lui pro-
 met bonheur. Toujours en contact avec cette belle et
 bonne nature, notre mère nourricière à tous, lui seul en
 obtient toutes les caresses, toutes les faveurs. Pour lui, elle
 remplace une montagne par un horizon sans bornes, une
 mare par un lac, un buisson rabougri par un massif d'ar-
 bres élancés et superbes. Elle fait plus encore. Pour lui, elle
 change en mets délicieux le menu grossier du campagnard
 et en couche moelleuse le foin de la grange ou le dur ma-
telas de paille du garçon de la ferme. Si parfois elle em-
porte son soleil, si elle gronde, se fâche, et tout en colère,
jette un orage ou des torrents de pluie sur les campagnes,
ce n'est qu'un caprice passager et bientôt elle reprend son
éclat, son calme et sa sérénité.
    Que sont, dites-moi, ces ombres d'un instant vis-à-vis
des jouissances infinies du paysagiste ? sa vie nomade est
toute de contemplation et d'admiration. N'a-t-il pas conti-