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36 DEUX MOIS EX ESPAGNE ces lieux, et gagner le concert en plein air, que la garnison exécutait au milieu de la ville. Le lendemain, dès l'aube, je partais pour Madrid, en reprenant la voie ferrée qui me ramène à Séviîle. Après cette dernière ville, je repassai par Cordoue, Eay- len et Saint-Jean d'Alcazar où j'aurais pu m'arrêter de nou- veau dans sa triste auberge, mais je lui préférai deux jour- nées et deux nuits de diligence et de poussière. Il n'y a rien à voir que des pâturages et des bruyères jusqu'à Tolède, où le chemin de fer se bifurque; l'une de ses voies conduit à cette ville, et l'autre à Madrid par le charmant pays qui entoure Aranguez, je pris ce dernier et parvenu au sommet d'un coteau pelé, et entouré d'une végétation aussi misé- rable que rabougrie, j'aperçus la capitale des Espagnes, qui couvrait dans le lointain un mamelon plus élevé de ses maisons, de ses dômes et de ses campanilles. Mais j'en par- lerai plus tard, et vais m'occuper d'abord de Tolède, qui est presque sur ma route. CHAPITRE XIII TOLÈDE ET ARRANGUEZ Tolède est restée une véritable citadelle du moyen-âge ; perchée sur son rocher coupé à pic au-dessus du Tage, elle hérisse toutes ses crêtes de ses trois enceintes, ses tours, ses portes, le tout armé de créneaux aigus comme les pa- lissades de pieux qui garnissent les bastions des places. Le clocher de la cathédrale, les deux pavillons d'Isabelle-la- Catholique, les colonnades ruinées de l'Alcazar font seuls quelque diversion à son aspect militaire; c'est que Tolède,