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                    DICUX MOIS 1-X ESPAGXi:                  3I

    L'archevêque, vénérable vieillard, revêtu du costume de
cardinal, et décoré de tous les ordres de l'Espagne, ayant
 été le confesseur de la reine, se plaça devant l'autel, sur un
prie-dieu, entre deux banquettes de velours rouge, sur
lesquelles étaient agenouillés les jeunes danseurs. Les cha-
noines ayant donné le signal à l'orgue et à un nombreux
orchestre de violons rangés derrière les stalles, les jeunes
gens se formèrent sur deux rangs et firent retentir leurs
castagnettes. Comme leur costume était celui supposé aux
anges à une certaine époque, et qu'il n'y a rien dans l'Ecri-
ture qui prouve que les chérubins soient comme nos dames
sujets aux caprices de la mode, je crois important de les
décrire dans leurs plus minimes détails.
   Ils étaient tous coiffés de chapeaux bas en velours de diffé-
rentes couleurs, surmontés d'un grand plumet blanc s'éle-
vant vers le ciel, comme celui de notre ancienne garde
royale, et étaient revêtus d'une tunique en velours rouge,
tellement couverte de gallons d'or, qu'ils n'y sont qu'à
quelques doigts de distance ; ils avaient de vastes manches
flottantes également vallonnées et de même étoffe ; un
large baudrier partageait leur buste, et s'attachait à leur
ceinture; enfin, des culottes blanches, des bas de soie, et
des souliers jaunes.
   Ils commencèrent par chanter un chœur, qui autant que
je puis comprendre l'espagnol, rappelait que les enfants
dansèrent quand Notre-Seigneur fit son entrée dans Jéru-
salem ; puis ils se mirent insensiblement en mouvement, et
formèrent une espèce de chaîne anglaise, qui devint à la
fin une véritable bourrée, avec accompagnement de chants,
d'orgue et de castagnettes.
  Dans tout autre pays que l'Espagne, on n'appellerait pas
cela une danse, car les [talons ne quittaient point le sol,
mais quand on a été témoin de celle des zingares espagnols,