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844 CAILHAVA qui se fit, Cailhava répondit par une invitation à se rap- procher de la maison ; le dîner devait être prêt. — On n'attend pas Boitel ? dit une vois timide qui sou- leva d'énergiques protestations. — Il ne vient jamais à l'heure, répondit-on de toutes parts. — Quand on est dans les affaires... — Lui?.... en ce moment, il contemple un pêcheur à la ligne, un radeau qui passe — Ou une gravure nouvelle.... —*Ou le petit pied d'une jolie femme qui trottine sur la route des Brotteaux ou de Saint-Clair. — Et quand il reviendra haletant, suant, tout essoufflé, il nous criera, en agitant les braâ et en secouant son cha- peau : Que voulez-vous ? j'ai rencontré une charrette ! — Ah ! c'est bien là son mot. — Nous l'attendrons à table, répliqua l'amphitryon. Cette assurance calma les inquiétudes, et le groupe de bonne humeur quitta les sombres allées en se dirigeant vers la maison, Marchant ainsi à petits pas, les causeurs se trouvèrent devant un bassin bordé de pierres de taille, du milieu du- quel s'élançait un joli jet d'eau. De magnifiques fleurs de nénuphar s'épanouissaient sous la pluie de perles que fai- sait resplendir le soleil. Une planche assez mal assujettie, avait été jetée sur le réservoir par le jardinier et s'appuyait par une extrémité sur le rebord de pierre, par l'autre sur le cippe d'où sortait le bec du jet d'eau. — Voici une planche, s'écria Bonnefond d'un air inspiré en étendant solennellement sa main vers le réservoir, d'où Boitel tombera dans l'eau, avant ou après dîner, en vou- lant cueillir des nénuphars. Un immense éclat de rire accueillit cette bouffonne pro-