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CAUHAVA 543 ils s'en retirèrent presque aussitôt. Cailhava, ami des artistes, avait été reçu membre le 24 mars 1843, cette année même ou il avait si largement ouvert sa bourse aux infortunes du théâtre. Chez Cailhava, le règlement devait être, observé aussi sévèrement qu'au Pavillon Nicolas, lieu habituel des réunions. Voici quelques articles de ce qu'ils appelaient primi- tivement : La Chose, avant que la jalousie d'un petit jour- nal n'eût affublé leur Société d'un nom qu'ils gardèrent: « Le but de la Chose est de rapprocher, dans un dîner, de bons vivants qui se conviennent et qui se trouvent sépa- rés dans la ville par une infinité de moellons de diverses natures. « La Chose aura lieu tous les mois, à la volonté du Secrétaire. « Le nombre des membres de la Chose est irrévocable- ment fixé à trente, pour qu'elle ne soit pas confondue avec les Académies où l'on panse beaucoup, mais où on digère mal. « L'unanimité est de rigueur pour l'admission de chaque postulant. Elle n'aura lieu qu'au scrutin secret. On y procédera,selon la saison,soit avec des graines de raisin, soit avec des amandes, soit avec des cornichons. Dans ce dernier cas, il faudra, pour l'admission, autant de corni- chons qu'il y aura de membres présents. » M. Alexis Rousset, dans ses Vieux châteaux et vieux autographes, fait connaître cette joyeuse réunion mieux que nous ne pourrions le faire. Cependant, quatre heures vinrent à sonner, et le bruit des horloges de la ville arrêta les conversations. Les con • vives se regardèrent d'un œil inquiet. Au silence éloquen