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84 POÉSIE. 11 prédisait les lois pouvant nous convenir, L'ordre et la liberté prêts à se soutenir... Républicain naïf, vertueux et sincère, Chinard croit cet ami, le lien se resserre. A ce moment tonnait la Révolution ; Régime affreux, sanglant, de l'aberration !... Un jour, dans l'atelier, le magnanime artiste Montre une allégorie à ce taux dogmatiste. L'esquisse a sa grandeur : c'est le peuple irrité, Soulevant dans ses bras la fière Liberté.., Délateur endurci, comédien sans âme, Résolu dans son cœur de faire un acte infâme, L'ami s'extasiait devant ce beau dessin ; Mais il va d'un ami devenir l'assassin. Il sort, d'un pied hâtif, se rend à la police ; Donne un avis cruel, le vouant au supplice ; Il dépeint la cachette, explique le motif, Qu'il traite, avec fureur, d'emblème subversif. Des agents sont lancés vers l'atelier qu'ils ouvrent ; Ils veulent ce dessin, le cherchent, le découvrent. Sbires officieux pour toute-trahison, Ils saisissent Chinard, le traînent en prison. Le bas peuple, enchanté, le poursuit et l'outrage ; Les héros de l'émeute- ont toujours ce courage... L'artiste attend l'effet du jugement fatal. Sa faute a pris le nom de délit capital. Le jour funeste approche, il va subir sa peine ! Soudain l'on aperçoit manœuvrer dans la plaine Les bataillons français, partout victorieux ! Nos étendards flottant,flibres et glorieux ! L'enthousiasme éclate, un courant électrique Frappe tous les esprits. Ce transport frénétique Sauvera l'innocent, l'homme doux, fraternel, Près de subir la mort qu'on donne au criminel ! Epoque d'infamie et de iois erronées !...