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CHRONIQUE LOCALE
Nous sommes en pleines vacances et bientôt en pleines vendanges,
temps heureux, joyeux, qui remplit la campagne de bruit et de mou-
vement, mais qui laisse les villes dans une complète solitude, car au-
jourd'hui, non-seulement chacun met sa poule au pot le dimanche,
mais il en est bien peu qui ne prennent pas un billet de chemin de
fer, le samedi ; bien peu même qui n'aien* la bastide, la villa, le pied
à terre pourpass-r l'automne, ou la maison d'un airr pour se reposer
pendant quelques jours. Jugps et médecins, négociants, marchands,
ouvriers, malades, écoliers, chasseur-, tous s'enfuient aux champs,
tousse croiraient perdus, anéantis, s'il-leur f-liait, comme les em-
ployés de la poste aux lettres ou l'armée qui dessert les chemins de
fer, rester toule l'année à l'attache, entre Perrache et les Terreaux,
sans auire récréation que Je voyage quotidien et plusieurs fois ivpété
du logis au bureau.
Ci st, je i ense, pour ces deshérités rivés à la vil'e à perpétuité
qu'ont é'é cré?s ces plaisirs innocents qu'on appelle: Exposition
d'horticulture, Courses de chevaux, Tirs aux pigeons, qui fleurissent
en ce moment ; débets dans nos quatre ou cinq théâtres, concert* sous
nos arbres jaunis, et, nouvelle invention appel e au plus brillant ave-
nir, le Skating-Ring, nom barba : e, inintelligible, propre seulement Ã
écorcherla bouche et qui sign fie tout simplement : Patinage sur des
roulettes. Je parie que cet exercice plairait infiniment moins s'il
avait un no'n français.
Gardons-nous d'oublié- cet autre plaisir, la grande attracfion du
momei't, la vue d • magnifique lion qui a dévoré un homme I Pas de
Lyonnais qui ne veuille se donner la satisfaction de contempler cet
illustr--animal, dont l'aventure a rempli lf s journaux en même temps
que la caisse de son heureux poss ss ur. Grâce à l'accident qui a coûté
la vie à un imb»cileou à un fou, au choix, le grand Bidel, le célèbre,
l'unique Bidel est assuré de devenir mi lionnaire avant peu.