page suivante »
MINIMES H 3 compagnons de saint Irénée avaient été décapités pen- dant qu'on égorgeait leuçs frères sous l'amphitéâtre voi- sin*. Le sang pépandu par ces milliers de martyrs avait formé un large ruisseau, qui s'était écoulé dans la Saône, au pied delà colline. Longtemps, les pèlerins gravirent à genoux la montée du Gourguillon qui avait reçu ce glorieux baptême et leurs lèvres en baisaient le pavé avec vénération. Mais l'indifférence et l'oubli avaient laissé périr ces habitudes d'une antique ferveur. Le Montmartre lyonnais était abandonné ; on ne Venait plus prier où nos pères étaient morts pour conserver leur foi et la liberté de leurs consciences. Les Minimes y ramèneront le concours et la piété des fidèles et se constitueront les gardiens dévoués de cette terre sacrée et des traditions les plus chères de nos origi- nes religieuses. Le cardinal de Tournon, archevêque de Lyon, le leur recommandait avec instance dans la lettre d'érection qu'il donna au P. Guichard, le 16 janvier 1553. « Ce lieu, où vous voulez élever une église, a été sanctifié dans les premiers temps du christianisme par la mort d'un grand nombre de confesseurs de la foi et, en mémoire de la lutte de ces martyrs, il s'appelle encore la place de la Décollation (1). » Le couvent, destiné à devenir un des plus beaux et des plus illustres de France, eut de modestes et pauvres commencements. La maison de Laurent de Corval, petite et étroite, reçut les religieux et, pendant quelques années elle leur servit seule de monastère. Le P. Simon Gui- chard et ses premiers compagnons purent y être installés (!) Arch. départ., fonds des minimes, H. 367. — Voir à la fin de cet article le texte complet de la lettre du cardinal de Tournon. 8