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                            CAILHAVA                         539

  depuis son union avec sa compagne, se courbant autour
  des collines de Pierre-Bénite et d'Irigny et disparaissant
  an loin derrière les derniers contreforts descendus de
  Pilât; enfin, au pied même du spectateur, la grande cité
  se développant sur une longueur de plusieurs kilomètres,
  depuis les hauteurs de la Croix-Rousse et les ombrages
  de la Tête-d'Or, jusqu'au confluent des deux fleuves, et
 présentant à l'œil étonné sa ligne interminable de quais, ses
 places magnifiques, ses rues, ses monuments, ses usines,
 et, par dessus tout, entourée de l'auréole de son histoire
 et de ses souvenirs.
    On comprend que le maître de cette incomparable villa
 dût aimer à faire partager son bonheur, et à entendre les
 cris d'admiration échappés à l'étonnement et à l'enthou-
 siasme de ses visiteurs.
    Aussi, la maison Grise chômait-elle rarement d'invités ;
 artistes de nos deux scènes, peintres, poètes, bibliophiles,
 érudits, se succédaient sous ces ombrages hospitaliers,
 accoutumés aux beaux-arts, et à cette table si fran-
 chement ouverte à quiconque portait un nom. Ce
fut là qu'arriva cette aventure charmante, trop naïve
pour n'être pas vraie, trop connue de la génération qui
s'en va, pour qu'on ait le moindre doute sur la véracité
des détails, qui défraya pendant nombre d'années la gaîté
des amis de Cailhava, et dont notre cher Léon Boitel, le
fondateur de la Revue du Lyonnais, fut le héros maladroit
et malheureux.
   Boitel en faisait lui-même volontiers le récit et c'est de lui
que nous le tenons. Nous ne demandons que de conter
avec le même charme, d'avoir la même verve et le même
esprit.
   C'était dans l'après-midi d'une splendide journée d'été,
le soleil ardent se rapprochait de Sainte-Foy, et ses rayons