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                        POÉSIE                           507
 Je pèserai vos cœurs dans la môme balance,
        Au poids de la persévérance :
 Le mien, quant à présent, ne doit point s'exposer :
 Du silence surtout! car on pourrait gloser.


                          II

                       MORENO

 « Je pèserai vos cœurs dans la même balance,
            Au poids de la persévérance. »
Telle fut sa réponse, et j'ai persévéré.
Qu'a donc fait mon rival pour être préféré?
 Il a feint d'en aimer une autre, le perfide!
0 caprice d'une âme inconséquente et vide,
Inexorable choix, fatal aveuglement !
Le tendre Moreno, le véritable amant,
Calui qui persévère, est celui qu'on oublie.
Toi que je préférais aux filles d'Italie,
Ingrate Mentonaise, est-ce là ta vertu?
Mais y penses-tu bien, Nicette, y penses-tu?
A te servir encor pourra-t-il se réduire
Celui qui t'a bravée afin de te séduire?
De quel air dédaigneux recevra-t-il ta main !
Aujourd'hui ton vainqueur, et ton maître demain.
A son autorité par ta faute asservie,
Peut-être maudissant ta misérable vie,
Peut-être gémissant sous un ciel étranger,
Tu te ressouviendras, mais trop tard, du berger ;
Du berger méconnu qui t'offrait sans partage
La douce royauté de son pauvre héritage,
Qui, perdant l'espérance, a perdu la raison,
Et depuis trois grands jours a quitté sa maiscm.

« Mais de mes vains discours, cruelle, tu te railles :
Le clocher de Menton sonne tes fiançailles ;