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§08                           POÉSIE
       Les marins dans le port pavoisent leurs bateaux,
      Et moi, seul et mourant, j'erre sur ces coteaux.
      L'oranger dont les fleurs ornent ta chevelure
      De ses fruits mûrissants conserve la parure :
      Moi, de fruits et de fleurs dépouillé par ta main,
      Je n'ai plus qu'à mourir sur ton seuil inhumain.
      Ramiers, qui jour et nuit roucouliez sur ces roche*
      Et de mon chien parfois redoutiez les approches,
      Aimez-vous, aimez-vous et roucoulez en paix :
      Vous ne me verrez plus sous cet ombrage épais,
      Au murmure flatteur des sources désirées,
      Ramener vers midi mes brebis altérées ;
      De mes tendres agneaux vous ne me verrez plus
      Guider, de roc en roc, les pas irrésolus.
      Et vous, oiseaux des mers, précurseurs de l'orage,
      Protégez le bateau du rival qui m'outrage :
      Il porte ma Mcette, aussi bien que Rocca. »

      Il voulait achever, mais la voix lui manqua ;
      Car les cloches vibraient, et déjà de l'église
      Un cortège nombreux ramenait la promise,
      Qui belle, et rougissant sous la fleur d'oranger,
      Souriait au pêcheur... sans penser au berger.


                                  Ludovic DE VAUZELLES.


  Menton (Alpes-Maritimes.)