Revue du Lyonnais » série 4 - n°2 ( 1876 ) » pp.506

506                               POÉSIE


                              ROCCA

            Avec la même indifférence,
            Si d'état il me faut changer
      Pour obtenir de vous, Nicette, une espérance,
      De pêcheur que je suis, je me ferai berger.

                             MOllENO

      Si c'est de mon côté que votre cœur incline,
      Une main dans la main, quand Pâques fleurira,
      Nous irons nous asseoir sur la haute colline,
      Où du courroux des mers notre âme se rira.

                              ROCCA

      Ensemble nous irons, si mon amour vous touche,
      Près de Bordighera (1) dormir sous les palmiers :
      A l'heure où sur Menton l'astre du jour se couche,
      Le rouget, la dorade, empliront mes paniers.
      On nous verra du bord comme un vol de ramiers
      Que l'apparition d'un berger effarouche,
      Et votre nom chéri courra de bouche en bouche.

                             NICETTE


             Amis, vos propos sont charmants :
      On ne saurait trouver deux plus parfaits amants,
      Ni dont le cœur éclate en peintures plus vives.
             J'accepterai donc vos présents ;
             Mais contenez vos sentiments
             Jusqu'à la saison des olives.
      Laissez-moi réfléchir encor tout un printems.



   (1) Petite ville du littoral italien, renommée pour ses bois de
pilmiers, et située au-delà deVintimille, en vue de Menton.