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LITTÉRATURE 479 Chaque jour se partage avec un soin égal: La sportale d'abord, et puis le tribunal. D'Apollon le juriste (1) il faut bien voir l'image, Et les triomphateurs honorés d'âge en âge, Mais tout confus de voir dans leurs rangs se glisser Des gueux contre lesquels c'est le moins de p Les clients qui comptaient sur un repas à prendre, Remis de jour en jour, désespérés d'attendre, Quittent le vestibule, et, penauds, s'en vont tous Acheter, pour dîner, leur charbon et leurs choux. Et cependant leur roi dévore, bête immonde, Ce qu'ont produit de mieux les bois, la terre et l'onde. Il s'allonge tout seul sur de beaux lits déserts, Devant des vases d'or, des plats rares et chers. Tout seul il engloutit un patrimoine immense. Pins un seul parasite. — Oui, mais quelle patience Souffre un luxe aussi sale? Et puis,les sangliers, Pour quel gouffre sans fond les sert-on tout entiers, Eux faits pour égayer des repas de famille ? La peine n'est pas loin : quand il se deshabille Pour entrer dans le bain, son ventre tout bourré De la chair d'un gros paon qu'il a mal digéré, On le voit tout à coup crever de mort subite, Sans laisser, le vieux ladre, une parole écrite. On s'en amuse à table, et les amis déçus Qui suivent son convoi ne le plaignent pas plus. Nos fils n'ajouteront pas un seul vice aux nôtres ; Ils feront ce qu'avant ont fait tant et tant d'autres. Le mal est à son comble, il n'ira pas plus haut. Au vent qui nous emporte, eh bien ! puisqu'il le faut, (1) Raillerie sur Apollon présidant à la chicane.