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Ã,.V GUERRE DE SYRIE 445 l'escadre appareillait d'Alexandrie avec le général en chef et un nombreux état-major, au milieu duquel on re- marquait l'élite des généraux de l'Egypte : Abbas-Pacha, petit-fils du vice-roi, et qui devait régner lui-même s; n jour, Ibrahim-Pacha, neveu du vice-roi, Soliman-Bey, l'espoir de l'Egypte, l'Achille de cette armée, Sélym-Bey, Ahmed-Bey-Menikly et tant d'autres, qui devaient ren- contrer une mort glorieuse ou la fortune. Quelle était donc cette contrée dont la possession tenait si fort au cÅ“ur du pacha ? Aussi belle que la Suisse, aussi ravissante dans ses sites et ses aspects que les hauts plateaux de l'Arabie, la Syrie l'emporte éminemment sur ces deux contrées par la magie des souvenirs. Le Liban, pittoresque, fier et hardi comme les Alpes, presque aussi splendide et lu- mineux que le Djebel-Shomer, domine et couvre de son ombre Ninive et Babylone, Palmyre, Tyr et Sidon, Bal- bek et Damas, Antioche, Acre et Jaffa, Nazareth, Hébron et Jérusalem, tout ce que notre enfance et notre jeunesse, tout ce que nos mères et les livres saints nous ont appris à vénérer. Les Arabes disent comme proverbe : « A tout homme, la patrie,semble la Syrie. » On ne peut faire un éloge avec plus de délicatesse et de vérité. « Le Prophète, puisse Dieu lui prodiguer ses bénédic- tions, avait le projet d'entrer dans la capitale de la Syrie, et il descendait de son chameau près la porte mé- ridionale ; au moment où l'un de ses pieds bénis touche la terre et où l'autre va le suivre, l'ange Gabriel apparut pour lui apprendre qu'Allah lui laisse le choix entre le paradis de cette terre et celui de l'éternité. Là dessus, le Prophète abandonna son dessein, préférant les joies inta- rissables de l'autre vie aux bosquets de Damas et aux eaux de la Barada. Il remonta ea selle et retourna en