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164                           POESIE
 Qui devait, jour par jour, grossir notre trésor.
J'apportais pièce blanche, il apportait de l'or.
De cet or, il restait un doux bruit dans ma tête ;
Aussi je fredonnais autant qu'une fauvette ;
J'étais belle, il paraît; je surpris de nos gars
Qui, sournois, m'adressaient leurs plus tendres regards ,
Que me faisait cela ? Lui seul avait mon être !
Mon choix, par mille riens, je le laissai connaître ;
Car lorsqu'un tel amour chante au cœur sa chanson,
De bonheurs imprévus on fait ample moisson.
Nous nous jetions des fleurs en arrachant les herbes ;
Nos mains s'entrelaçaient tout en nouant les gerbes,
Tendre d'émotion, le regard se voilait,
Quand le front de l'ami de sueur ruisselait.
Pour s'aider à la peine on avait doux sourire ;
Oh ! les mots ravissants que nous savions nous dire !
Nous lisions dans nos cœurs mieux qu'en un livre ouvert :
Que le printemps fleurit ou qu'il neigeât l'hiver,
Chacune des saisons donnait plaisirs sans nombre ;
Ces trois ans écoulés n'eurent pas un jour sombre.
Radieux, nous comptions le trésor amassé,
Et comme si déjà le tirage eût passé,
Dans nos plans s'élevait une humble maisonnette.
Hélas ! Ce fut pour nous pôt au lait de Perrette :
De l'urne il apporta le numéro premier !
Nous versâmes notre or jusqu'au moindre denier.


                                IV

Quand on a travaillé sans repos et sans trêve,
Non des mois mais des ans et qu'un moment enlève
Le prix si bien gagné de ce rude labeur,
Ce coup funeste atteint le niveau du malheur.
Nous nous disions émus : Le chagrin paralyse.
Et pour que le beau rêve, enfin se réalise,
Montrons-nous courageux, a l'Å“uvre vaillamment ;
Le bonheur est plus doux acheté chèrement.
Il fallait de l'argent pour meubler la chaumière,