page suivante »
82 POÉSIE Tel un chêne est brisé par de fougueux orages , Quand le faible arbrisseau résiste à leurs outrages. Les essais de Chinard furent infructueux , Modèles sans valeur (1), d'un mérite douteux. Il prépara l'argile et fit des statuettes : La Vénus de Milo, d'intrépides athlètes, Un Jupiter, Diane, Amphitrite, Actéon, Les groupes de l'Olympe et de Laocoon. Hélas! stérile ardeur, grands efforts inutiles ! Il faut, pour parvenir, des œuvres moins futiles. La science et les arts ont d'infinis secrets ; La renommée est longue à rendre ses décrets. Toujours emprisonné dans cette voie obscure, Impatient, fiévreux, il s'irrite, il murmure ; Il allait succomber, lorqu'un homme de cœur Lui prêta son appui devinant sa valeur. Alors, plus de chagrin, plus de sombre apathie ; Le vouloir, le travail, la douce sympathie Tracent son avenir, l'arrachent à la mort ; Il va prendre l'élan d'un aiglon déjà fort. Ce riche protecteur à Chinard s'intéresse Et fera succéder la gloire à la détresse. Remerciant le ciel de cet heureux secours, L'artiste, encouragé, grandissait tous les jours. Puis vint le prix de Rome, il vole en Italie. Le talent du sculpteur au courage s'allie. Il osera combattre, en courtois chevalier, De rudes concurrents, venus du monde entier. Le l'eu sacré, la gloire augmentent sa vaillance Et le préserveront de toute défaillance. Il voit la ville sainte, aux pompeux ornements, Ses antiques splendeurs, ses nouveaux monuments. (1) Ses premiers essais furent des figurines, à l'usage des con- fiseurs.