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se tenaient éloignés. Cette conduitecourageuse fut signa-
lée par l'adjoint, M. Jordan Leroy, qui, dans son discours
officiel à la distribution des prix aux élèves de l'Ecole, fit
ainsi son éloge : « Qu'il me soit permis d'honorer publique-
if. ment le courage de M. Thierriat qui, chargé de la con-
« servation de nos musées et de tous les trésors qu'ils
« renferment, n'a redouté aucun péril dans les cruels évé-
« nements d'avril, pour veiller à la sûreté des dépôts pré-
« deux qui lui sont confiés. »
   Mais ce fut surtout en 1848 que la sollicitude de
 Thierriat pour ses chers musées se manifesta tout e n -
tière. Comme je fus témoin de l'envahissement du palais
Saint-Pierre par les Voraces, il m'est facile d'en rappeler
les détails : j'étais seul avec mon père et le concierge, au
milieu de la cour, du moins je n'y vis aucun autre fonc-
tionnaire, quand le palais, au lendemain de février, fut
envahi par ces terribles Voraces. Ils portaient un charbon
pendu par un fil rouge à leur chapeau, en signe de r a l -
liement. Ils entrèrent en foule et en armes. Thierriat, au
centre delà cour, leur fit un signe pour leur parler, et sou-
dain nous fûmes entourés. Il leur demanda quel était leur
chef et le pria de s'approcher. C'était un grand diable
d'homme plus sournois que méchant dont je vois encore la
face maigre et rébarbative : « Mes enfants, leur dit Thier-
« riat, vous venez me demander un club et vous l'aurez.
« Mais je ne veux pas vous donner nos musées qui sont
« pleins de tableaux précieux, œuvres d'artistes, enfants
« de Lyon comme vous, ou prix de nos victoires sur l'étran-
« ger. Vous devez m'aider à conserver intactes ces belles
« choses qui vous appartiennent et qui vous servent de
« récréation gratuite le dimanche, ainsi qu'à vos femmes
« et à vos enfants. Je crains que, derrière vous et
« malgré vous, des malfaiteurs et des voleurs ne seglis-