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                     CHRONIQUE LOCALE
   Voici la Revue de décembre qui paraît en plein janvier.
   Retard d'un mois ! le cas est grave ; d'autant plus qu'il y a récidive et
que Merlin déclare que « la récidive, faisant supposer uneplusgrande per-
versité, entraîne dans les peines une aggravation que la loi détermine. »
   Nous voilà bien lotis.
   En effet, comment nous présenter à nos lecteurs ?
   Leur offrirons-nous gracieusement nos souhaits de nouvelle année?
   Mais nous sommes en décembre ! Comment s'y reconnaîtront les lecteurs
de l'avenir qui nous verront parler d'étrennes à la date de la Toussaint?
   Passerons-nous devant nos amis et nos lecteurs sans leur tirer notre cha-
peau ?
   — Voilà des gens bien mal élev es, diront quelques uns de ces derniers.
L'almanachindiquelesRoisetonnenoussouhaile ni la défaite des Prussiens,
ni la reprise des affaires, ni une santé heureuse? Crac ! un désabonnement!
   — Pardon. Les temps sont durs, Messieurs, et on n'est pas plus libre
d'agir à sa volonté dans les imprimeries Qu'ailleurs.
   Nos ouvriers sont devant les balles de l'ennemi ; ceux qui nous restent
sont plus souvent de garde qu'à leur tour, et les rares auteurs qui fleuris-
sent encore n'ont perdu ni leur vivacité, ni leur impatience, ni leur irrita-
bilité, et e'esl la Revue qui en pâtit.
   Entre deux personnes à servir, c'est toujours elle qu'on sacrifie.
   Pour tourner la difficulté, disons à nos chers lecteurs qu'en décembre
comme en janvier, nous faisons mille vœux pour eux, que nous les remer-
cions profondément de leur sympathie et que, celte année plus que tout
autre, nous avons besoin de leurs encouragements et de leur appui.
   Mais quelle nouvelle leur apprendre? que dire qui n'ait été répété mille
fois par les journaux?
   L'affreux assassinat du commandant Arnaud, le 20 décembre? ils le con-
naissent.
   L'immense manifestation de la garde nationale à ce sujet? l'enterrement
civil et la présence du minisire de la guerre, M. Gambetta? on en a parlé
assez longuement déjà. La mort héroïque du colonel Celler et son enterri -
ment religieux ? Les souffrances de nos prisonniers ? celles plus rigoureuses
de nos mobiles etoenos soldats mourant de froid? les accidents si doulou-
reux de nos chemins de fer? le commerce en souffrance , l'industrie
morte, le thermomètre s'abaissant à 17 degrés? tous nos lecteurs en ont
été assez affectés pour que nous ne revenions pas sur ces tristes sujets.
   — En regard de ces souffrances, nous pouvons mettre les efforts du zèle
et de la chanté. Plusieurs de nos bataillons ont donné des représentations
ou des concerts de bienfaisance qui ont prouvé l'inépuisabl» générosité des
Lyonnais. Le 21 décembre, au Grand-Théâtre, les 6 e , 7 e et 8 e bataillons
réunis ont donné une soirée musicale et dramatique qui a dépassé toutes
les espérances. D'après le compte-rendu présenté par MM. Jaricot, prési-
dent; Vincent, trésorier ; Giraud , secrétaire; la recette brute aurait été
de 87S3 f. 35 c , les frais s'étant élevés à 1428 f. 75 c ; le comité a versé
7354 f. 60 e. entre les mains des dames lyonnaises de l'Internationale, co-
mité de secours aux prisonniers français.
   Nos pauvres compatriotes, nos amis qui souffrent en Allemagne appren-
dront qu'on ne les oublie pas.
  Les 17e et 18 e bataillons qui ont donné une représentation le 29 pour les in-
digents, et le 19e qui a choisi le 31, ont eu un succès sinon égal du moins des
plus consolants cl des plus heureux. Le 16 e bataillon qui devait donner sa
soirée le 22 décembre, l'a renvoyée, à cause du crime de la Croix-Rousse,
au 12 janvier.