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UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES. 487 lui autre chose qu'une sauvage! Si son cœur était pris, je serais peut-être ébranlée, car vous savez que j'ai bien de la peine à m'armer de sévérité contre un de ses désirs, mais heureusement il n'en est rien, et quand vous en aurez fini avec vos mastodontes, j'espère que nous quitterons promptement cet affreux pays ! Pendant que la comtesse refoulait ainsi les velléités d'établissement conçues par son mari, que faisait Ro- dolphe? Un beau clair de lune l'avait attiré hors de la maison paternelle. Il avait parcouru deux ou trois fois la place principale, et puis, perdu dans une rêverie de jeune homme, il s'était transporté, sans savoir comment, à la porte des Fleming. Arrivé là , il avait hésité à entrer ; mais, poussé par un instinct secret, il avait surmonté ce sentiment et pénétré jusqu'au salon. Il était vide et la maison silencieuse/Rodolphe était sur le point de partir quand Dona Hermina parut. Ce soir là elle était peignée avec assez de soin, une robe de mousseline lilas s'étalait en larges volants, et un châle de mérinos frappé, rouge à des- sins blancs, était jeté à l'américaine sur ses épaules. Son père était à l'hacienda et sa mère absente. De son» plus doux sourire et de son regard le plus fin elle onjjWéa le jeune homme à s'asseoir auprès d'elle et bientôt une con- versation intime s'établit entre eux. Rodolphe n'avait jamais aimé. Sa compagnie habituelle avait été sa famille, et sa mère, veillant sur lui comme sur une jeune fille, avait prévenu les écarts qui signa- lent les premiers pas de l'adolescence. Mais ce qu'il avait gagné en pureté de cœur il l'avait perdu en expérience de la vie et c'était pour lui un charme tout nouveau que cet entretien sans témoins où tout se colorait d'un prisme qui émanait de sa candeur même. Dona Herminia ne res-