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462                        NÉCROLOGIE.

 être consacrée. La carrière avait été ouverte par les dé-
couvertes successives que Daguerre et Fox Talbot faisaient
presque simultanément dans le domaine de la photogra-
phie. En évoquant ces noms bien connus, nous n'oublierons
pas Niepce, le noble pionnier de l'art photographique. Ses
résultats imparfaits, pas plus que ceux de Nedgwood,
Davy et autres, n'avaient eu le pouvoir d'éveiller l'attention
des savants. Les perfectionnements de Daguerre avaient
même été vus d'un oeil froidement sceptique, mais Clau-
 det ne tarda guère à découvrir l'immensité et la beauté
des horizons ouverts par ces nouvelles découvertes. Il se
jeta dans la photographie avec une ardeur et une réso-
lution qui étonnèrent ses associés. Il avait tout ce qu'il
 faut pour être « photographe », avant même que le nom
ne fût inventé, alors que la photographie ne rencontrait
 que des incrédules.
   A cette époque, nous étions au printemps de la vie.
Quant à lui, il était au zénith de la force. Nous parta-
geâmes son enthousiasme et devînmes son disciple. Qui
n'aurait pas été séduit par ses belles qualités, son pro-
fond savoir ? à la vue de son indomptable énergie de la
beauté du but? Tous les jours on le voyait au milieu de
la fumée du mercure et de l'iode, sans aucun égard pour
sa propre santé, expérimentant, produisant, sans jamais
fatiguer la fécondité de ses ressources, sans transiger
une seule fois avec ses inspirations. Il était à la hauteur
de l'entreprise, heureusement. Lorsqu'il fallut faire in-
tervenir la chimie, Claudet devint chimiste, c'est Fran-
çois Arago qui en fait foi (1). Lorsque ce fut le tour de

  (1) C'est M- Claudet qui a trouvé le moyen de réduire à quelques
secondes la durée d'exposition dans la chambre obscure. — Œuvres
complètes de François Arago.