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LYON EN NOVEMBRE 4870 D'APRÈS U GENEVOIS. N De Genève à Lyon la distance est vite franchie. Jus- qu'à Lyon, peu ou pas de mouvements de troupes. Rien d'anormal. En approchant de Lyon, quelques terrasse- ments auxquels travaillent des ouvriers, sous la direction d'officiers, indiquent seuls le danger qui menace cette ville riche et populeuse. A la gare, la scène change. Tout d'abord, des fonctionnaires de la garde nationale, sans uniforme, la plupart artisans, surveillent les différents abords ; des soldats en tenue de campagne, des mobiles bruyants et animés, entourés de parents et d'amis, cir- culent dans la vaste salle où se délivrent les billets. Dans un coin, une construction provisoire en planches, sur la- quelle on lit : « Buvette gratuite pour les militaires, » est encerclée de bancs, au centre un espace libre; quel- ques dames, que l'on est tout d'abord étonné de voir là , circulent chargées de corbeilles remplies de pain, saucis- sons, fromage et cigares ; d'autres portent des verres de vin. Autour d'elles et le long des bancs, une procession sans cesse renouvelée de soldats reçoivent de leurs mains les rafraîchissements et les vivres dont ils ont besoin. Ils ont tous sur le dos, ficelé contre le sac, le pain tradi- tionnel de munition, mais il faut ménager. Ici la charité privée a tout fait. Ces dames sont femmes, mères ou sœurs de négociants de Lyon. Elles se relaient à tour de rôle : jour et nuit elles sont là . L'une d'elles circule dans