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392 LA CAISSE D'ÉPARGNE DE LYON. M. Bonnet qu'ils laissèrent M. Charvet dans l'ombre et c'était une injustice, car l'artiste qui avait eu une si grande part à l'édification du Palais-du-Commerce, le dessinateur habile à qui on a dû plus tard la belle préfecture d'An- necy, l'écrivain qui a su si bien comprendre et apprécier les architectes ses prédécesseurs et dont la classe, au- jourd'hui, au Palais-des-Ârts, est une des premières et des meilleures, avait dans ce simple édicule, pour lequel on avait à , juste titre économisé les finances, donné largement sa mesure et montré que l'élégance et le goût sont indé- pendants du luxe et de l'ornementation. Puisque nous avons esquissé l'extérieur, entrons dans l'intérieur et laissons l'architecte pour nous occuper de l'institution. L'histoire de la Caisse d'Epargne de Lyon est modeste. Elle ne remonte pas à une haute antiquité ; elle n'a pas jeté un grand éclat à sa naissance, elle est née de la force des choses et les directeurs n'ont eu qu'un but en la créant : être utiles. Sa fondation remonte au 11 septembre 4822, époque où elle fut autorisée par ordonnance royale. La Caisse fut ouverte au public le 1 er décembre 1822, dans un local situé au rez-de-chaussée de l'Hôtel-de-Ville. On se rappelle ces longues files de personnes économes et simples qui venaient apporter leur petit pécule à l'utile institution et qui regardaient d'un air gêné les négociants, les propriétaires et les autres personnages de la haute bourgeoisie que leurs affaires appelaient dans les bureaux de la municipalité. Certes, il n'y avait rien d'humiliant à se trouver avec ces honnêtes travailleurs ; mais beaucoup d'entre eux tenaient peu à faire savoir au monde et à l'uni- vers qu'ils avaient économisé une petite somme sur un labeur incessant et pénible, aux dépens d'une insuffisante nourriture ou de vêtements trop longtemps épargnés. C'était beau à eux d'avoir rejoint et d'avoir jeté les bases d'une petite aisance future; mais le travail est fier et il ne