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306 ETUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. notre enfance, Pernette [1] ou le Malbroug s'en va fen guerre, chant tout empreint d'un bout à l'autre d'une patrio- (1) La Pernetta, en gaëlic perennez, jeune fille, fiancée. Que le lecteur me pardonne de reproduire ici cette mélopée simple et naïve; il partagerait pour elle mon culte pieux, s'il lui avait été donné de voir eomme moi un tendre père la lui chanter, en faisant claquer ses doigts, penché sur son berceau : La Pernette se lève, Le ploure son ami Pierre, Tra, la, la deri la la ; la li la la. Tra,... La Pernette se lève Le ploure, son ami Pierre, Trais (1) ure avant lo jor. Qu'ant mis din la praison. Le prind sa colinette (2) Piro se désespère, Tra la la deri, etc. Tra,... Le prind sa colinette, Piro se désespère Et sos fusets d'amor (3) Que n'en pèdre la raison. Tous los fis que le file, Piro, m'n Bmi Pire, Tra, la, etc. . . Tra, la Tous los fis que le file, Piro. m'n ami Pire, Le busse grand soupir. Seiez pas si dolent (4) ; La man à la colline, Plutout lo sementire (5) Tra, l a . . . Tra, l a . . . Ailleurs est son enpirt. Que pêdre un cher amant. (1) Trar, très, trois; ure, c'est le mot français heure, prononcé à la gasconea moment (2) Colline, dimiDutif collinette, quenouille ; de l'italien collo, cou (qui se fixe au. Colinette rime ici avec lève, comme plus bas colline ave: file. Dans les vieux noëls et chansons populaires, l'e muet terminal constitue la rime féminine, la rime masculine seule est de rigueur : Si je meurs, que l'on m'enterre Dans la cave où il y a du vin ; Les pieds contre la muraille, La tète sous le r o b i n . . . . . (3) On remarquera le mélange de patois et de français qui indique la transition d'un dialecte à l'autre. A partir de ce moment, noëls, complaintes, chansons, tout est en français; mauvais français sans doute et qui est bien loin de valoir le patois qu'il a dé- trôné. Mais la mode est souveraine en France, au village tout aussi bien qu'à la ville. (4) Dolent, dolens, conservé dans son français indolent. (5) Sementire, cimetière, semen ire (in terra), être jeté en terre comme use semence . . .pour refleurir ailleurs.