page suivante »
ÉTUDE SUR LA GENÈSE DES PATOIS ET SPÉCIALEMENT DU ROMAN OU PATOIS LYONNAIS suivi D'UN ESSAI COMPARATIF DE PROSE ET PROSODIE ROMANES (SUITE (*) III Chaque pays a ses chants et ses traditions populaires ; le nôtre, on peut le croire, ne serait resté inférieur à nul autre en ce point, si quelque poète patriote eût pris soin de les noter et de nous en transmettre les accents. Malheu- reusement, pour cet idiome, le français en s'imposant, à la renaissance des lettres, comme langue nationale, a comme étranglé au berceau ces premiers-nés de la muse locale; et, tandis que les troubadours provençaux, grandissant dans leur autonomie, devenaient de véritables poètes en qui se retrouvent la grâce et le génie des classi- ques leurs devanciers (1),nos pauvres trouvères en sabots ac- (*) Voir les précédentes livraisons, (1) Les Gascons n'ont pas l'habitude de briller par la modestie. Un de leurs poètes va jusqu'à prétendre que si Boilcau n'a pas écrit en gascon, c'estque cela n'a pas tenu à lui : Et se n'at pas uzat de nostre bel lengatge,\ Es que l'a pas apprès del te.ms qu'ero maynatge (1) ; (1) Maynatge, mesnarii, mesnaud, jeune homme , enfant, uagnado , jeune fille. (,« maynaia, la famille, le ménage.