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AUTOUR DE LYON. 287 La Mulatière. — Attention, monsieur, reprit mon camarade, nous avons ici encore deux origines dérivées de formes latines : l°les prétentions de Mulat, avocat lyonnais, qui s'était construit dans ce site, très-bien choisi du reste, une maison de cam - . pagne ; 2° « les mules de renfort dont les voituriers doublaient leurs attelages après la traversée du pont d'Oullins, au bas de la montée des Chassagnes, qui conduit à Sainte-Foy, et où passaient alors le grand chemin du Forez et l'ancienne voie narbonnaise des Romains » (1). Ètes-vous pour Mulat ? Êtes-vous pour les mules? — Pour les deux. — Ne nous montrons, monsieur, têtus ni l'un ni l'autre, autrement nous mériterions de donner à la Mulatière le nom qu'elle porte, si elle ne le possédait pas encore ; mais enfin cette adoption en bloc m'étonne. — Pourquoi ? Je suis prêt à prendre Mulat, si quelque preuve m'est donnée de son existence, du temps où il a vécu, de la maison qu'il s'est bâtie, et à l'abandonner pour les mules, si celles- ci, à son défaut, exhibent un brevet d'existence. Là n'est pas la chose intéressante, elle est toute dans le nom que vous venez de prononcer, les Chassagnes. Ce climat, cette montée gardent, je le pense, la dénomination celtique appliquée à la côte entière des Etroits ; sa traduction serait « futaies de chêne. » Cette observation fit sur mon associé l'effet d'un fort coup de poing traîtreusement appliqué. — Du celtique, fit-il. — Oui, Cassaniœ, forme latine de Chassagnes, se dérive de cassanus, ancien français cassein, chassain, chassein « une barre de chassein » (2). Guyon trovercnt soubs l'ombre d'un cassein. Rom. de Foulq. de Candie, Reims, 1860, p. 39. (1) Autour de Lyon p . 165. (2) Ducange, v. Cheaine.