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                           BIBLIOGRAPHIE.                      265


                            Immortalité.
         Le chêne dans sa chute écrase le roseau,
       Le toirent dans sa course entraîne l'herbe folle
       Le passé prend la vie, et le vent la parole,
       La mort prend tout : l'espoir et le nid et l'oiseau.

         L'astre s'éteint, la voix expire sur les lèvres,
       Quelqu'un ou quelque chose à chaque instant s'en va.
       Ce qui brûlait le cœur, ce que l'âme rêva,
       Tout s'efface, les pleurs, les sourires, les fièvres,

         Et cependant l'amour triomphe de l'oubli ;
       La matière que rien ne détruit se transforme ;
       Le gland semé d'hier devient le chêne énorme,
       Un monde nouveau sort d'un monde enseveli.

          Comme l'arbre, renaît le passé feuille à feuille,
       Comme l'oiseau, je cœur retrouve sa chanson;
       L'âme a son rêve encore, et le champ sa moisson,
       Car ce que l'homme perd, c'est Dieu qui le recueille.

   A une moindre hauteur, mais avec un rare bonheur
d'expression et de rhythme les strophes suivantes font luire
l'espérance aux yeux découragés des vaincus de la vie :

         L'orage a passé, mais les flots sont durs
       El do leurs coups brefs la plage est heurtée :
       Agrès fracassés, barque démâtée,
       Attestent l'horreur des combats obscurs.

          L'orage a passé; mais la mer tressaille
       Et lance l'écume aux rocs déchirés ;
       Les vents sont éteints, les cieux azurés:
       Un cadavre au loin'nous dit la bataille.

       Le soleil levant projette sur l'eau
       Ses rayons rosés, l'heure se fait chaude
       Et, blanche, émergeant des flots d'émeraude,
       Une voile s'ouvre au bord du tableau

       Eternel danger, sublime assurance !
       Le pêcheur repart pour la haute mer,
       Ainsi qu'en mon âme, autre gouffre amer,
       Sur mes vers brisés la nef Espérance.