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250                    hE BOUQUET FATAL.

serra vivement la main de Remy en disant : C'est une aventure
absurde, c'est mille fois triste ; mais vous avez du cœur, et c'est
le cas où jamais de le prouver.
   — Merci, réponditDorbray avec un air visible de soulagement,
je suis heureux de voir que vous êtes tous les deux du même
avis ; ce combat est inévitable !
   — Oui, répliquèrent Cartier et Brossard.
   — A moins qu'on ne vous fasse amende honorable, ajouta
 ce dernier.
   — Ce qui n'est point probable, continua Remy. Maintenant la
sécurité que je ressens est complète, car je suis affranchi de ce
doute qui me paralysait, de ce doute cruel qui saisit un homme
incertain de savoir si ce qu'il va faire est une faute ou un devoir.
   — Savez-vous manier les armes? fit brusquement Brossard.
   — J'ai cinq ou six semaines de salle et trois ou quatre parties
de pistolet.
   — Hum ! grommela l'officier ; et son front se rembrunit.
   — Ce fashionnahle est peut-être un novice, objecta timidement
Cartier.
   — Je crois plutôt que c'est un breiteur, répondit Brossard. Son
ton, ses allures et la vie qu'il mène me l'indiquent. Les gens de
plaisir sont sujets à de fréquentes querelles ; ils se précaution-
 nent. Enfin ! à quelle salle allez-vous, Dorbray ?
   — Rue des Maçons-Sorbonne, chez Rocamir.
   — Bonne lame, ce vieux grognard. Allons y faire une passe
ou deux.
   Quelques instants après, les trois amis entraient chez cet ex-
cellent maître d'armes qui fut si aimé et si connu de la généra-
tion des étudiants d'alors.
   1 les reçut avec cette bonhomie pittoresque qui allait bien à sa
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grande et osseuse figure béarnaise.
   — Ça a de l'étoffe, ce petit, dit-il, enmontrant paternellemen t
Remy; mais c'est fainéant, ça ne vient jamais ; cane peut pas
faire de progrès.
   En effet, il ne fallut pas deux engagements pour faire connaître
à Brossard l'inexpérience du néophyte.