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UN CHANT DE TYRTÉE. 11 est beau que le brave assaille aux premiers rangs Et verse vaillamment son sang pour la patrie. Mais fuir, mais délaisser une cité chérie ; Loin de ses vieux foyeis porter ses pas errants ; Entraîner dans sa fuite un aïeul, une mère, Une épouse encor jeune et de frêles enfants, Ces lâchetés nous font des maux par trop cuisants : Il n'est pas de douleur plus vile et plus amère ! Malheur au dépouillé ! malheur à l'indigent ! On le honnit ; pour lui, nul cœur n'est indulgent. Fût-il noble, il paraît un opprobre à sa race ; L'insulte et le malheur déshonorent ses pas, On lui tourne le front, on lui ferme les bras ; Cet homme tout entier meurt sans laisser de trace. Oh ! combattons avec ardeur Pour la cité de nos ancêtres ; Pour le berceau des jeunes êtres Dont nous adorons la candeur ! Oui, sans la marchander, prodiguons notre vie ! Que l'honneur de mourir soit un sujet d'envie Aux cœurs contre les cœurs pressés ! 43