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               LE PAGE DU BACON DES ADKETS.                 97

un chérubin, gardien vigilant d'une âme malade. Philo-
mène de Gantelet priait avec une suave et touchante
douceur. Ses grands yeux étaient mouillés de larmes qui
tombaient sur sa poitrine comme la goutte de rosée que
laisse tomber la feuille d'un grand arbre dans le calice
d'une rose. Cette prière si douce devait attendrir le Sei-
gneur. Berthede Bionnais, elle, ressemblait au plus jeune
des archanges. Ses cheveux, couvraient son cou de neige,
ses yeux bleus fixés au ciel étaient remplis d'une flamme
céleste qui aurait pu tout embraser. Ses lèvres roses
et humides, qui n'avaient jamais été effleurées que par
la prière, devaient tout obtenir. Pliu calme, plus sé-
rieuse, plus pensive, un pli rêveur au front, Clémence
de Bourges songeait à son fiancé, catholique zélé et fer-
vent, et ses yeux s'arrêtaient avec une fixité énergiqne
et sombre sur ce général protestant à qui tant de catho-
liques devaient la mort.
    Au moment où minuit sonnait à l'horloge de Saint-
 Jean, la lune jeta une clarté plus vive et, redoublant
 d'éclat, sembla prendre plaisir à envelopper de ses plus
 beaux rayons cette trinité virginale. Les jeunes filles
 émues par l'heure et abîmées dans leur extase ne virent
 pas que le baron, triomphant du mal, revenait à lui. Il
 ouvrait de grands yeux et ne savait quel spectacle s'of-
 frait à lui. Était-il le jouet d'un rôve ? Dans quelles sphères
 se trouvait-il ? Peu à peu la mémoire revint à son esprit.
 Des trois jeunes filles en prière, il en reconnut deux.
 Quelle était la troisième ? Ce n'était point Marianne.
 Marianne ? où était-elle ? Son cœnr battit ; cependant il
 resta immobile portant ses regards de l'une à l'autre
 et cette vue lui faisait du bien. Tout à coup, un voile