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LES BEAUX-ARTS A LYON. 17 A l'influence que devait exercer la vue de ces tableaux, il faut ajouter l'action plus directe encore de la présence de certains peintres à Lyon : Le Poussin et Lebrun ont séjourné à Lyon, nous en parlerons bientôt; Bigaud, né à Perpignan en '1659, commença à se distinguer à Lyon où il demeura quelque temps en 1680 avant d'aller à Paris (1 ) ; Nicolas Bertin, né à Paris en <1667, s'arrêta à Lyon vers 1688 en revenant d'Italie et peignit plusieurs tableaux pour des amateurs lyonnais., entre autres pour M. de Fléchères, lieutenant général de la sénéchaussée (2). Le goût des tableaux , ainsi surexcité et entretenu, se maintint à Lyon durant tout le dix-septième siècle, et l'art lyonnais se développa en traversant toutes les phases que l'on dis- tingue dans l'histoire de l'école française de peinture. On sait qu'il y eut pendant le dix-septième siècle deux courants parfaitement caractérisés par deux chefs d'école : sous Louis XIII c'est Vouet ; sous Louis XIV c'est Lebrun. La vogue de chacun d'eux s'explique par l'har- monie qui existe entre leur manière de faire et le mi- lieu dans lequel ils se sont trouvés : ils furent l'un et l'autre les fidèles interprètes des mœurs et des sentiments de leur époque, toute leur occcupation étant de créer des types qui fussent au goût de la société et de la cour. Être vrais, uniquement vrais, et être corrects, c'était le dernier de leurs soucis : avant tout il fallait flatter les passions à la mode, il fallait réussir. Vouet avait longuement travaillé en Italie et avait cherché à se faire un style qui tînt à la fois du Caravage, du Guide et de Paul Véronèse. Lancé dans la haute société romaine, prieur de l'Académie de Saint-Luc il avait (1) D'Argenville, Histoire des peintres, IV, p. 311. (2) Ibid. IV, p, 347. Bertin doit-être classé dans l'école de Jouvenet. 2